Bienvenue à Guyencourt sur Noye, petit village niché au cœur du Val de Noye.
Nous vous emmenons à la découverte de notre village, une visite empreinte d’Histoire où vous pourrez en apprendre davantage sur le Patrimoine et ses paysages. Nous sommes allés à la rencontre d’un personnage emblématique de notre village, M. CARDON, véritable puits de connaissances sur l’histoire de notre Commune.
Guyencourt à travers les siècles
Il faut savoir que notre village de Guyencourt-sur-Noye n’a pas toujours été baigné par le calme bucolique de sa campagne que nous savons apprécier.
Il faut évoquer les invasions successives qui ont jalonné son histoire avec l’occupation de son territoire par des dizaines de milliers de soldats souvent livrés à eux-mêmes, et l’on peut facilement en imaginer les conséquences…
Il faut commencer au IX° et X° siècle, avec les Vikings venus de la mer du Nord, comme on le sait, qui avaient l’habitude de ravager régulièrement la région à chacun de leur passage.
Puis ce fut la guerre de 100 ans de 1337 à 1453 avec les mouvements réguliers des espagnols et des anglais à chaque reprise de territoire, destructions et incendies s’en suivirent.
Quelques années plus tard, ce fut le tour des Armagnacs et des Bourguignons qui se faisaient la guerre en 1472, incendiant et pillant toute la région avec le siège d’Amiens.
Sans oublier les guerres de religions qui opposaient catholiques aux protestants en 1590, s’accompagnant des représailles habituelles que l’on connait contre les villageois qui n’avaient pas grand chose à voir avec tout cela. Et ce fut Henri IV et son armée qui occupa le canton en 1597 pendant six mois pour reprendre la ville d’Amiens qui venait d’être conquise par les espagnols. Henri IV était venu avec 25 000 hommes qui s’installèrent dans toute la région, d’où l’appellation d’Henriville le quartier sud d’Amiens.
Vinrent ensuite la guerre de 30 ans de 1618 à 1648, encore une guerre dont l’alibi était la religion. Elle opposa les catholiques espagnols et leurs alliés aux États allemands protestants, amenant tout le cortège d’exactions régulières passe-temps favoris des armées qui n’étaient pas chez eux et qui comme souvent se payait sur l’habitant.
Les russes aussi, qu’il ne faut pas oublier avec leur renommée sauvage, arrivés en France pour la coalition contre Napoléon en 1814 et 1815. Là aussi, notre imagination nous permet d’entrevoir tout ce qui a pu se passer. Puis la guerre de 1870 nous ramène les prussiens le 27 octobre avec eux aussi leur réputation d’envahisseurs dont les tristes détails n’ont pas besoin non plus d’être mentionnés. Quant aux deux dernières guerres 14-18 et 39-45, les mémoires collectives sont encore toutes imprégnées de leurs cruels conséquences pour les habitants et leur région.
Et pourtant Guyencourt a pu subsister en dépit de toute la sauvagerie des hommes pour sans cesse se reconstruire et défier toujours et encore l’avenir…
Guyencourt et les Mérovingiens
Le nom du village de Guyencourt sur Noye remonte à l’époque Mérovingienne, qui suivit la chute de l’Empire romain en 476 avec l’installation d’un peuple dit barbare et germanique, venu du Nord Est appelé Francs Saliens.
Le nom Mérovingien provient du premier roi Mérovée, grand-père de notre roi mythique Clovis. Ils étaient aussi appelés « roi aux cheveux longs » au début de leur dynastie.
L’histoire des Mérovingiens s’inscrit par la naissance d’une culture chrétienne dans leur territoire avec la conversion et le baptême de Clovis situé entre 496 et 499. Cette période mérovingienne fut sanglante de rivalités à chaque succession, les guerres et les assassinats étaient pratique courante, mais elle permit cependant une reprise économique importante. C’est aussi à cette époque que remonte l’établissement de la capitale de la France à Paris. Guyencourt, tout comme de nombreux villages de Picardie dont le nom se termine par « court » correspondrait à la réunion de plusieurs maisons et bâtiments servant à l’exploitation agricole autour d’une manse seigneuriale devenant plus tard manoir.
C’est d’ailleurs à cette époque que remonte la charge de Comte, véritable relais du pouvoir royal, comte, compagnon du roi, qui devait le remplacer localement dans ses fonctions mais qui finit par organiser de véritables dynasties et devenir progressivement incontrôlables, entraînant des guerres intestines.
Guyencourt en pleine révolution industrielle
Guyencourt sur Noye comme tous les villages situés le long de la voie de chemin de fer vit au rythme du passage des trains dont leur bruit est soumis au caprice du vent pouvant devenir presque infernal certains soirs d’été… C’est la ligne Amiens-Paris-Nord, dont le projet fut décidé en 1831 pour relier les trois royaumes : La France, la Belgique et l’Angleterre.
Les travaux commencèrent en 1843 et progressèrent rapidement, la ligne étant dénuée de grands ouvrages d’art. Les tunnels ont été évités en détournant le tracé. Les passages à niveaux sont en revanche multiples car la ligne croise les routes royales (Routes prioritaires reliant Paris aux grandes villes de France pour faciliter le passage des troupes si besoin se faisait) Les terrassements sont aussi considérables : 4 Millions de m3 sont déblayés entre Paris et Amiens. Une colline de 135 m de hauteur a dû être coupée pour relier la vallée de la Noye à celle de l’Avre. Les fonds marécageux des Vallées de Boves et Corbie ont du être consolidés à grands frais.
La ligne est achevée dans sa totalité et inaugurée en grande pompe du 13 au 16 Juin 1846 de Paris à Bruxelles. La cérémonie réunit 1700 invités et 28 300 assiettes furent nécessaires aux trois banquets organisés à Paris Lille et Bruxelles. Parmi les invités, on pouvait voir Berlioz et son orchestre, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Victor Hugo, Ingres, Lamartine et Mérimée…
La Gare d’Ailly sur Noye fut d’ailleurs ouverte dans la semaine qui suivit ces grandes fêtes inauguratoires. La Gare de la Falloise fut le théatre d’un accident tragique en 1910 : le 20 septembre trois cantonniers furent écrasés par le rapide Paris-Lille. L’un d’eux se trouvait la main coincée sous un rail, ses deux collègues tentèrent de le délivrer et de stopper le train mais en vain. Un monument que l’on peut voir sur le quai en direction de Paris, inauguré par Raymond Poincarré, commémore l’accident.
On peut y voir la scène du drame avec tous ses détails…
Guyencourt et la Guerre de 14-18
Le village de Guyencourt comme la plupart des villages de la Somme fut touché par la guerre de 14-18. Le 30 Mai 1918, des obus allemands s’abattirent sur la ferme et le Château, abritant alors le commandement français et donnèrent la mort à Léon Vancaster qui se trouvait dans la cour du château ce jour-là. Une plaque à gauche de l’entrée témoigne toujours de ce moment tragique. Des éclats de ces obus sont encore visibles le long du mur extérieur de la ferme de même qu’une partie de la façade du château montre les traces d’une restauration récente. Deux bâtiments de la ferme furent aussi touchés ainsi que les étables de la deuxième cours. Elles furent reconstruites en 1922 dans un style différent.
Les allemands, placés sur le promontoire stratégique du bois de Sénécat et du Bois du Gros Hêtre à l’Ouest de Moreuil à la suite d’une poussée de grande envergure, envoyèrent leurs obus en direction de Guyencourt où se trouvaient les français qui se préparaient à une riposte très importante avec l’espoir de changer le cours de la guerre… Il faut savoir qu’au début de l’année 1918 la victoire des alliés était loin d’être gagnée. Les 2 Généraux allemands Hindenburg et Ludendorff avaient décidé de porter un coup décisif au front Ouest renforcé de 40 divisions ramenées du front russe qui venait d’être libéré. Leur stratégie était le forcer le front à la hauteur de Moreuil et de s’emparer du nœud ferroviaire d’Amiens. Du côté français et alliés, renforcés d’un contingent tout frais américain, le Général Debenay, conscient du risque de la situation avait décidé de réduire la poche de Moreuil et de pousser le front jusque Roye…
Une bataille enragée et sanglante s’en suivit comme en témoignent les nombreux cimetières du plateau du Santerre. Mais le 8 Août 1918 nous donna l’offensive décisive et victorieuse.
Ludendorff écrivit « ce fut le jour de deuil de l’armée allemande ». On peut presque dire que la victoire de la guerre 14-18 est partie de la région de Guyencourt…